Bien évidemment, nous connaissons l’adage récent suivant lequel y-a-plus-d’saison. Nous avions entendu vaguement parler d’un temps magnifique sur la France en avril, puis de la météo moins clémente qui avait sévi ensuite mais mentalement ce mardi 3 juillet, nous n’étions pas préparé à ceci : un tarmac qui ne se laisse découvrir qu’à une altitude d’une dizaine de mètres au plus, la bruine et pas plus de 17°C.
Pour faciliter notre réaclimatation, nous nous réjouissions de notre retour au début de l’été. Paris, la France avaient, elles, cependant revêtus leurs habits de novembre. Pour nos retrouvailles, grisonnante, sombre, Paris manquait de sex-appeal. Depuis, nous avons remisé nos vêtements amples, légers, nos sandales qui ne nous avaient pas quittés depuis six mois et ré enfilé nos vêtements d’hiver. Polaires, deux couches, car nous avons froid ; un froid dans le corps que nous avions déjà oublié.
Parisiens, nous étions étonnés par votre manque de sourire dans les transports en commun. Regards en diagonale, absents, cherchant vraisemblablement une échappatoire à la promiscuité. Nous prenions la mesure du nombre de petites agressions verbales, rixes, gestes d’énervement, qui émaillent les transports et de façon plus large les rapports entre les habitants de la ville.
Dix mois ne permettent pas de revenir en étranger, en touriste dans une ville où l’on a vécue huit ans, mais le voyage permet une lecture neuve. Après avoir traversé l’Inde que l’on associe ici instantanément à tort ou à raison aux scènes de pauvreté, nous sommes frappés par la misère sociale qui s’affiche ici. Je n’en prendrai pour exemple seul que le nombre important d’esseulé beuglant dans le métro ou dans la rue des paroles incompréhensibles. La forme qu’elle prend ici en « occident » est certes différent, mais la pauvreté touche, si vous l’aviez oublié, une grande partie de la population aussi.
Dès le franchissement des services de l’immigration de l’aéroport, nous étions confrontés aux aboiements rudes et aux injonctions désordonnées de la police française. Cow-boys montés sur rangers, la police française cultive son style et sa singularité, nous pouvons vous le dire. Ce premier après-midi, nous étions effarés par le nombre de petites unités, quatre ou cinq rambo, patrouillant dans les stations de métro, la gare ou dans les trains. Les contrôles au faciès étaient permanents, et nous fumes même gratifier d’une arrestation d’un étranger que nous supposerons en situation irrégulière. Quelques jours plus tard, c’est au spectacle d’un scooter que l’on venait d’incendier en milieu de journée auquel j’assisterai. Tension et violence sont perceptibles dans la ville.
Difficile, impossible, de capter et de retranscrire toutes les impressions qui nous envahissent à notre retour. Pour échapper à un discours plein de reproche, et être juste, il me faut évoquer mon ivresse en découvrant la multitude d’événements culturels annoncés sur les murs, dans les gratuits ou les flyers cet été et pour la saison à venir. Vitrines, rayonnages débordent de livres ou de revues suscitant mon intérêt.
Voilà, nos valises sont temporairement entreposées pour le mois de juillet dans le quartier Jaurés et c'est avec le regard du voyageur que nous allons redémarrer notre vie d'ici. A bientôt.